Le vêtement, par essence, est un langage subtil et une forme d’expression multiforme. Selon Alban Cras, théologien et auteur de La symbolique du vêtement dans la Bible. Le vêtement est, au-delà d’une nécessité pour la personne, la première manifestation de son identité, et la condition minimale d’indépendance et de dignité. Le vêtement est tellement chargé de symbolisme qu’il exprime, si on le perd, la perte de liberté, et parfois la négation de sa propre identité. En examinant cette réflexion, explorons la symbolique sociologique du vêtement comme forme d’art, sous une perspective chrétienne.
De la Genèse – là où Dieu confectionna des habits de peau pour Adam et Ève, à la Haute Couture Week de Paris – où la collection de Maison Margiela par Galliano a transcendé la simple fonction utilitaire pour porter une symbolique théâtrale et profonde – le vêtement, sous toutes ses formes, demeure à la merci de son créateur.
À la suite de la mort et de la résurrection du Christ, le renouvellement de l’Homme nouveau, tel que mentionné dans Colossiens 3:12, implique de se revêtir de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. En effet, le verbe « se revêtir » fait allusion à mettre sur soi, s’orner de et/ou prendre forme... Ces attributs ne sont pas liés physiquement au vêtement, mais plutôt à la symbolique de ce qu’il incarne.
Peut-on considérer qu’en explorant divers symboles sociologiques tels que l’identité culturelle, le statut social ou les préférences individuelles, il est possible d’intégrer une dimension spirituelle, voire au-delà, dans ces aspects de la vie humaine ?
Au sein du monde contemporain, il est indispensable de faire une distinction entre l’utilité fonctionnelle du vêtement et sa fonction artistique. Le vêtement, une pièce d’habillement généralement en textile, s’inscrit dans les méthodes de production, de consommation et de représentation, tandis que la mode vestimentaire désigne une manière de s’habiller, propre à son époque, qui peut se bâtir organiquement ou qui peut être régie par des règles préétablis par des institutions [souvent] occidentales, comme la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, ou même le Council of Fashion Designers of America. Dans l’industrie de la mode occidentale, les créateurs, designers, stylistes ou même consommateurs utilisent l’art comme un levier pour élever le capital culturel et social de leurs créations. L’art du vêtement, le savoir-faire et la créativité artisanale évoluent ainsi d’année en année, par des techniques et des innovations toujours plus modernes.
Nombreux sont ceux qui considèrent les vêtements exclusivement comme une nécessité fonctionnelle. D’autres, par contre, les voient comme une forme d’expression, où le vêtement agit même comme un instrument de changement social, accompagnant, voire en instigant, des transformations et des réflexions sociétales. Je suis résolument convaincue que, dans l’ensemble, il s’agit d’une combinaison de deux, voire de plusieurs facteurs. Notre façon de nous habiller n’est pas simplement une expression externe, mais également un témoignage de notre goût, de notre capital social et culturel, de notre intellect, voire de notre perception de nous-mêmes et de la manière dont nous souhaitons être perçus. Le vêtement peut transcender son utilité fonctionnelle pour revêtir une signification plus profonde, personnelle.
Pour aller plus loin, la signification de ce que nous portons va au-delà de l’évidence visuelle. En effet, il est répété mainte fois dans les Écritures comme dans Éphésiens 6:11, ou dans Galates 3:27, de se revêtir des attributs qui sont une réflexion de Christ, comme nous l’avons évoqué précédemment dans Colossiens 3:12, « En tant qu’élus de Dieu [...] revêtez-vous d’entrailles et de bonté [...] ». Cette parole nous encourage à aller au-delà de l’acte physique de se vêtir : elle appelle à incarner ces attributs et à devenir le reflet du Christ; à se préoccuper non pas seulement de ce que l’on porte, mais de se vêtir des vertus de la bienveillance et de l’humilité.
Pour conclure, le vêtement reste à notre merci. L’art de s’habiller, la mode et le savoir-faire en confection du vêtement peuvent revêtir une véritable signification spirituelle, tout en étant considérés comme des moyens d’expression artistique. Cette expression artistique, qui nous a été transmise depuis la première création du vêtement après le péché originel, jusqu’à aujourd’hui, nous permet d’être témoins d’une construction symbolique de l’art du vêtement qui agit comme reflet de diverses questions sociétales, et qui peut transcender l’esthétique extérieure, par l’acquisition d’une portée spirituelle authentique.
In essence, clothing is a subtle language and a multifaceted form of expression. According to Alban Cras, theologian and author of La symbolique du vêtement dans la Bible (The Symbolism of Clothing in the Bible). Clothes are more than just a necessity, they are the first manifestation of a person’s identity, and the minimum condition for independence and dignity. Clothing is so full of symbolism that, if lost, it expresses the loss of freedom, and sometimes the negation of one’s own identity. As we examine this reflection, let’s explore the sociological symbolism of clothing as an art form, from a Christian perspective.
From Genesis – where God made garments of skin for Adam and Eve, to Paris Haute Couture Week – where Maison Margiela’s collection by Galliano transcended mere utilitarian function to carry a profoundly theatrical symbolism – clothing, in all its forms, remains at the mercy of its creator.
In the wake of Christ’s death and resurrection, the renewal of the New Man, as mentioned in Colossians 3:12, involves clothing oneself with mercy, kindness, humility, gentleness and patience. Indeed, the verb «to clothe oneself» alludes to putting on, adorning and/or taking shape... These attributes are not physically linked to the garment, but rather to the symbolism of what it embodies. Could we consider that by exploring various sociological symbols such as cultural identity, social status, or individual preferences, it is possible to integrate a spiritual dimension, or even beyond, into these aspects of human life?
In today’s world, it’s essential to distinguish between the functional utility of clothing and its artistic function. The garment, a piece of clothing generally made of textile, is part of production, consumption, and representation methods. Fashion, meanwhile, designates a way of dressing, specific to its time, which can be built organically or be governed by rules pre-established by [often] Western institutions, such as the Fédération de la Haute Couture et de la Mode, or even the Council of Fashion Designers of America. In the Western fashion industry, creators, designers, stylists, and even consumers use art as a lever to raise the cultural and social capital of their creations. In this way, the art of dressmaking, craftsmanship, and creativity evolve year by year, with ever more modern techniques and innovations.
Many people regard clothing exclusively as a functional necessity. Others, on the other hand, see them as a form of expression, where clothing even acts as an instrument of social change, accompanying, even instigating, societal transformations and reflections.
I’m firmly convinced that, on the whole, it’s a combination of two or even more factors. The way we dress is not simply an external expression, but also a testimony to our taste, our social and cultural capital, our intellect, even our self-perception and the way we wish to be perceived. Clothing can transcend its functional utility to take on a deeper, personal meaning.
To take it a step further, the significance of what we wear goes beyond the visually obvious. Indeed, it is repeated over and over again in Scripture, as in Ephesians 6:11, or Galatians 3:27, to clothe ourselves with the attributes that are a reflection of Christ, as we referred to earlier in Colossians 3:12, «As God’s elect [...] clothe yourselves with bowels and goodness [...]». This word encourages us to go beyond the physical act of dressing: it calls us to embody these attributes and become a reflection of Christ; to be concerned not just with what we wear, but to clothe ourselves with the virtues of kindness and humility.
In conclusion, clothing remains at our mercy. The art of dressing, fashion and the know-how of garment-making can take on real spiritual significance, while at the same time being considered as a means of artistic expression. The latter, which has been passed down to us from the first creation of clothing after original sin to the present day, enables us to witness a symbolic construction of the art of clothing that acts as a reflection of various societal issues, and which can transcend outward aesthetics by acquiring an authentic spiritual significance.